Jacinthe raconte Résonance Premier Mouvement
il a neige SAS Photo Galerie 21

« Une œuvre d’art, qu’il s’agisse d’un tableau, d’une sculpture ou d’une œuvre musicale, nous invite à voir, à éprouver, ou à entendre autrement, différemment, selon l’artiste en présence.
Mais que se passe-t-il quand plusieurs artistes sont invités à unir leurs univers, et que l’expression de leur art  s’exprime selon des modes différents, l’un pictural et l’autre musical ?

C’est cette mise en abyme où deux pratiques artistiques  dialoguent et mettent en commun  leurs outils, distincts, que nous vous proposons de découvrir.
L’étonnement, l’attention, la confrontation, le questionnement sont les maîtres mots de ce tableau-concert.

Pourquoi un tel parti pris ? Pour essayer de nous libérer du déjà vu, de renouveler notre interrogation, de nous en remettre à une autre expérience du regard.

Mais cela va plus loin encore, l’intime, telle la chambre du cœur de Saint Augustin, sera ici au grand jour exposé.
Comment ?
Sur la scène, derrière un rideau, prendra place un peintre à l’abri des regards. Une large toile blanche, telle un carré de sable, où la neige serait venue se poser, sera étalée par terre devant lui.
Un écran, suspendu en avant scène, où un jeu de miroir donnera au public  la possibilité  d’observer l’artiste œuvrant devant sa toile, montrant malgré tout, l’intime, aux regards extérieurs, comme si la permission nous était  discrètement donnée, d’entrer dans l’espace intérieur du peintre.
Mais si l’intime n’est pas caché, sa dissimulation est préservée, l’artiste défend son « arrière-boutique »  comme le dit si bien Montaigne dans ses Essais, protégeant ainsi un lieu de retrait et de réflexion, sans lequel aucun rapport à autrui n’est souhaitable.

A l’image de muses possédant le pouvoir de faire s’épanouir l’inspiration, trois  musiciennes accompagneront et soutiendront l’artiste peintre, tout en étant elles mêmes, tenues par ce qui se jouera sur la toile.
S’appuyant sur des œuvres musicales d’illustres compositeurs, en tenant compte du sens, de la visée et de la profondeur des images, ce parcours propose aussi un rapprochement d’œuvres, appartenant à des périodes historiques différentes, en passant par les périodes classique et romantique pour la musique, et contemporaine pour la peinture.
La musique et la peinture sortent donc de leurs habituels contours.

Ecoutons maintenant ce que les artistes nous disent sur « comment un univers qui ne part de rien, se débrouille pour devenir tout un monde ».

Laetitia Michel Pianiste.
Il y a toujours quelque chose, comment la saisir voilà la question.
Je suis une découvreuse qui s’essaie à la liberté, comme un chercheur soumis à des contraintes, je me tiens au  seuil d’une infinité de possibilités.
Ma liberté est d’assumer une décision, jusqu’au bout, choisir, sentir que ce choix est le bon, parce-que je l’ai éprouvé, par des heures et des heures de recherches, de pratiques et que soudain, je le sens, cet univers existe.
Il est toujours perfectible, le temps aussi nous nourrit  et comme le disent si joliment Noélie Rolland et Katia Darisio, cela s’apparente à une chasse au trésor.
C’est dans cette dynamique que nous accompagnerons Anne Vautour.

Anne Vautour peintre.
C’est un défi, une confrontation avec la matière que de faire surgir cet univers. Quand la toile reçoit ses premières couleurs, la résistance et la gravité m’habitent.
J’éprouve ma fragilité mais aussi une énergie intérieure qui peu à peu m’affranchit du doute et de la peur.
Il y a dans ce combat, où je suis seule, seule avec mes instruments face au chaos, la sensation très forte de dépasser les frontières de ce que je ne connais pas encore de moi et du monde.
Cette expérience perceptive est toujours accompagnée de musique.
A l’image de la lumière, la musique me permet d’éclairer en moi des émotions fortes, qui nourrissent ma créativité.
C’est ce lien privilégié que je vais expérimenter avec les musiciennes Laetitia Michel, Noélie Rolland et Katia Darisio pour ce tableau-concert.
La musique m’est essentielle.
Et pour conclure j’aimerais citer Hegel qui disait : « Quand l’art s’en tient au but formel de la stricte imitation, il ne nous donne à la place du réel et du vivant, que la caricature de la vie… il convient à l’homme de trouver la joie dans ce qu’il tire de son propre fond.  »

Jacinthe Chartrand

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