Patrick Braoudé joue de la lumière, il allume ou éteint à sa guise.
C’est avec une légère complicité du soleil qu’il donne la clarté du moment.
Il patrouille au milieu des sentiers terrestres, et s’empare de quelques reflets, pour les embraser à sa façon.
…Sur la cinquième planète, toute petite, il vit un allumeur de réverbères, au pied d’un unique réverbère.
Il l’allume quand le soir tombe, il l’éteint au lever du jour.
Normal, c’est la consigne.
Mais sa planète tourne de plus en plus vite et c’est maintenant une fois par minute qu’il allume et éteint.
« Je n’ai plus une seconde de repos », dit-il.
Le Petit Prince lui suggère de marcher pour rester dans l’ombre ou la lumière, et ne plus avoir à travailler.
Mais, pas de chance: « Ce que j’aime dans la vie, c’est dormir », explique l’unique habitant de cette planète.
Le Petit Prince voit bien que ce travail est absurde. »
Cependant il est moins absurde que la vie du roi, du vaniteux, du businessman, du buveur.
Au moins son travail a-t-il un sens.
Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur.
Quand il éteint son réverbère, il endort la fleur ou l’étoile.
C’est une occupation très jolie.
C’est véritablement utile puisque c’est joli. »…
…Ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures !
extrait du Petit Prince de Saint Exupéry