Biographie de l'artiste
Victorine Follana a suivi l’Ecole des Beaux arts de Sete de 1987 à 1991 .
A partir de 1988, elle a eu l’opportunité de faire des stages intensifs dans l’ Académie de peinture TALENS prés de Paris où elle a travaillé avec Robert Lapoujade , peintre, écrivain, cinéaste décédé en 1993, ainsi qu’avec Joël Trolliet, peintre et professeur à l’Ecole des Beaux arts de la ville de Paris .
Par la suite elle suivra des cours avec Thibault
Dans le monde envoûtant et essentiellement féminin de la sorcière rouge, de la sorcière flamboyante Victorine Follana, le merveilleux, le fantastique et l’effroi tournent dans la même ronde, volettent dans le même essaim, nagent dans le même banc. Et de cette promiscuité étrange, poétique et dangereuse naît l’ensorcellement d’un vertige.
Un manège enchanté et terrible entre en rotation. De même qu’une sorte de conscience exacerbée, une traversée des temps (entre l’enfance et le désastre – la chute des astres, entre le rêve et le cauchemar, entre le passé et le souvenir, entre l’incapacité et l’initiation, le cheminement et la déroute). Le ludique semble tout près du tragique, la féerie du drame. Quelque chose de délétère, de vaguement menaçant rôde, flotte. Le conte n’a cessé d’être hanté par le maléfique, le terrible, le danger, ce sont, de tout temps, quelques-uns de ses plus sûr ingrédients. Victorine Follana les fait tinter d’une manière inédite.
Victorine Follana lie ces contraires avec une efficacité subtile et implacable. Cela coexiste dans un équilibre fascinant, sans équerre, étonnamment instable. La sorcière est là au mieux de sa magie. Formidable échevellement de la faunesse rouge. C’est confondant. Elle semble à la fois portée, emmenée sur le pinceau de son aventure à l’instar de ses consœurs chevauchant un balai aérien et en contrôle de sa création, à la fois surprise et aux commandes, aspirée et inspirée, sauvage et apprivoisée.
Dans sa toile, avec les élans de lumière, et cette impression d’eau, d’enlisement parfois, cette impression solaire aussi qui tire parfois sur le feu, la combustion, le bonheur est cité mais quelque chose d’inquiet, d’inquiétant tremble, affleure. Une once de démesure déchire. Le conte touche le fait divers du bout du doigt, le rouet et la roue du destin tournent ensemble, la quenouille et la banderille blessent ensemble. Une confusion délibérée, une absence de contours, des chevauchements d’élans, des intensités brûlantes, des absences, des fantômes, des lueurs, des noirceurs troublent la fête de l’image heureuse et apaisante.
La fleur cache peut-être des dents acérées, le hasard peut mordre lui aussi, le fil d’être est ténu. Les rhéostats sont très habilement troublés. Même cette certaine impression de gaucherie est dominée par un sentiment de maîtrise, le hasard est là, dans l’œuvre, invité par l’artiste, dirigé par lui comme un acteur dans une mise en scène. C’est semé de paradoxes qui contribuent à attiser notre tracas. Un regard soudain, une attitude peuvent crisper, déconcerter, tourmenter. L’enfance est comme débarrassée de l’auréole mensongère qui trop souvent lui sert d’oreiller, elle est délivrée de cette prétendue innocence, de cet angélisme nigaud et crapuleux. Il y a souvent dans la même composition de quoi enchanter et angoisser. Le vrai, l’enfantin, le créé et quelque chose de somnambulique coopèrent à nous désarçonner.
L’œuvre a un troublant pouvoir d’hypnose et de dérangement. Un venin infuse sûrement dans la toile. Le monde, semble nous dire l’œuvre, s’il contient d’indéniables indices de charme et de grâce, est complexe, insidieux, sournois. troué d’obscurités, frappé à l’improviste.
La palette peut être violente, elle met les couleurs à contribution pour affirmer ce qui est tu, voilé. Mais le noir & blanc, avec ses matiérages brumeux, ses pâtés, ses bouillons d’ombre, ses semis de traces, est terriblement expressif. La poésie est là, poignante, bouleversante et toujours débarrassée de ses attributs en plume, de ses horripilantes candeurs. Les abstractions semblent conduire le séisme, le tumulte plus loin encore. Les matières sont brassées violemment mais l’impression qu’une démiurge est à l’œuvre subsiste.
Denys- Louis COLLAUX extrait du livre » Chercheur d’art «
« Un bal vient de finir. Les Princesses y ont dansé. Ce qu’on voit ressemble aux désirs mais avec légèreté. Cela peut prendre un caractère hirsute, dégingandé mais éloigne des peurs. Il y a là comme des cheminées de fées. Le rose des joues des Princesses aux robes travaillées vacille dans la mouvance du désir. Rose de joues, roue des jours, ambre des nuits possibles. Victorine Follana lance ses oeuvres comme des bonbons afin que les ravissements qu’elles engendrent soient bons à lécher.
Dans son atelier elle interroge les murs et les nuages. Sur une étagère elle cache des barres de Crunch et des mouchoirs en papier qui font des boules moites dans ses poches. S’y cache un feu liquide. Et, plus tard, les peintures deviennent la morsure et la courbe du frisson sous l’apparente fixité.
La réalité des indices ne cesse de convoquer le regard du voyeur. Sa pensée – ou ce qu’il tient pour telle – est pris dans la juxtaposition, la superposition des motifs. Peu à peu il retombe dans l’enfance. Car la peinture lui donne cette force. C’est le moyen de se retrouver sans nostalgie ni crainte de l’avenir dans le miroir de scènes immémoriales. Cela lui permet enfin de poser le regard sur celles qui furent aimées. « Jean-Paul Gavard-Perret
« Victorine Follana sait manier la trique pour faire avancer la bourrique que l’on nomme voyeur. De ses peintures sortent les démons de l’être et l’ange de la femme. Elle donne à voir l’innocence de l’âme. Pour moitié voluptueuses, ses princesses cachent leur joli boudoir, leur lys et sa vallée où l’imaginaire papillonne. Les filles ne sont plus là pour écouter les grâces des sornettes masculines.
Leur corps n’est plus seulement pulpeux. Il n’est pas forcément l’endroit le plus paisible de la terre sans être pour autant chargé de tous les péchés d’Israël. Finis les orgasmes et les lamentos de tourterelle. Chaque fillette vit d’autres vies et une résurrection la travaille. Sortent de son corps des trésors imprévus dont ne sait quelle réserve au moment où les crépuscules s’offrent à la pâmoison de la nuit.
C’est la manière d’ouvrir métaphoriquement les corps pour que ce qui les hante s’anime. La chaleur monte — et de bien plus que deux degrés au-dessus de la température ambiante. Les rêves n’ont plus rien de faméliques. Leur lustre rend le bouc novice. Il hallucine à la vue de ces femmes se contentant d’exister devant ses cornes. »
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Les rayons de lumière entrevus à travers les volets, et le désir d’un café très noir
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Je les ai oubliés, je ne me souviens que de mes désirs, c’était que mes parents se remettent ensemble.
A quoi avez-vous renoncé ?
A rien, j’avance…
D’où venez-vous ?
Du hasard de rencontre d’un spermatozoïde et d’une ovule.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un physique assez agréable, mais le temps s’en charge.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Oui, le chocolat.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je ne sais pas, chacun est lui.
Comment définiriez-vous votre approche du portrait et de l’éros ?
Le portrait doit refléter l’image du conscient et de l’inconscient, Eros, je l’ai rencontré il y a longtemps, maintenant il se nomme habitude.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Les belles images de vierges avec des enfants, je les copiais déjà toute petite.
Et votre première lecture ?
Tartine Mariol, elle me faisait rire, je m’identifiais à elle, je castagnais dans tous les coins.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Musique classique, blues, rock, fado, flamenco.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Il y en a deux que je relis par période, ” Lettre à un jeune poète ” de Rilke, ” Le vieil homme et la mer ” d’Hemingway, mais aussi ” Le meilleur des mondes ” de Aldous Huxley.
Quel film vous fait pleurer ?
Tous, dès qu’il y a un peu de sentiment, je suis une vraie madeleine.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Je vois mon image actuelle, interne et externe, heureusement j’ai les fards et le courage pour y remédier.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’aurais aimé écrire tout court.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les lieux imaginaires, sans trop de descriptions où je peux circuler , même en apesanteur.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Les peintres dont je me sens le plus proche et que j’admire depuis toujours sont Soutine, Velázquez (ses “Ménines”) Goya, De Kooning, mais il y en a d’autres, les écrivains Proust, Rilke, Baudelaire , je lis un peu tout, mais je ne suis pas une grande intellectuelle.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Pour mon anniversaire que je ne fête jamais, si c’est possible j’aimerais bien 30 ans de moins pour changer certaines choses.
Que défendez-vous ?
Je défends les enfants et les animaux, on n’y touche pas, c’est le côté Tartine Mariol que j’ai conservé.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
La phrase de Lacan est énigmatique et tordue, je préfère dire : “Llamour c’est donner tout court, n’attendre rien en échange ”
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
L’absurde, cela fait toujours rire.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Qui êtes vous vraiment Victorine?… vous aurez la réponse dans mes peintures.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 4 juillet 2016.
Salon des Réalités Nouvelles Paris: 1991, 1992, 1992, 1994, 1998, 1999, 2007; 2008
Montpellier
Musée de Frontignan 1991
Salon de la Grande Motte 1995
Strasbourg 1996 / 1997
Conilhac les Corbières 1995, 1996, 1997, 1998, 2005, 2008,2010
Expose en permanence dans sa maison d’Hötes » Le jardin de la Serre « » dans le Minervois de 2001 à 2006
Sete
Lamalou les bains
Gruissan
Perpignan
Agde
Pézenas
Saint Thibery
Dinan en Permanence toute l’année.
Pavillon Sévigné Balaruc
Toulouse
Balma
Pibrac