Les lacets
Il sait depuis l’enfance de l’art que nouer, dénouer, renouer et re-dénouer les rapports du peintre et de la toile, de la liberté et de la contrainte, du désir et de la géométrie, fait une histoire qui dure et qui se construit. D’autant plus que les lacets sont fragiles et que, pas besoin d’être artiste pour en avoir fait l’expérience, ils ne s’usent pas à la même vitesse et que l’on doit changer l’un avant l’autre.
Tout s’use sauf l’envie d’avancer.
Lui, il dirait que ce n’est pas comme ça que l’on doit parler de sa peinture : il faudrait dire , et ça lui importe, que la superposition de codes empruntés au langage constructiviste et architectural, au lyrisme gestuel aussi, est pour lui l’image même de la pensée et du langage. Un langage capable d’accueillir les accents et de les entremêler pour que la ritournelle et le « devenir lacets » convergent sur ce territoire délimité et pourtant infini : celui des quatre côtés de la toile, où, sans cesse, se noue le dépassement de la modernité et de la nostalgie.
» Les tableaux de François Bruetschy sont rarement portés par un rondisme, par une rotonde ou une roue. Ils ne cèdent pas davantage à la triangulation d’une diagonale. Les lignes sont en balade, se resserent par points, se concentrent ou se croisent en verticales et horizontales pour découper librement le plan. Et ce croisement reste très dynamique. Il aboutit à un point brillant, à quelque papillon jaune qui éclate dans l’obscur de lignes évanescentes. Ce ne sont pas des opérations portées au carré. Plutôt des axes de repérage qui s’effacent comme la queue de la comète quand elle aboutit au grand corps brillant qui l’achève. Parfois ces lignes sont bien visibles, bien rectangulaires pour envahir le plan selon des hauteurs variables, un peu comme un espace cartésien.
Dans la peinture de Bruetschy, il y a donc des étoiles, ou pour commencer, des constellations, immenses dessins surlinéaires sur un fond noir, traité à la cendre, au fusain le plus moléculaire et poussiéreux pour se réserver une constellation. Dans le fond granuleux du fusain noir, au bord du rien Kantien- lui pour qui il n’y a » que le ciel étoilé au dessus de nous et la loi morale en nous »- sur cette frontière ténébreuse, montent une ligne devenue trop blanche, un serpent stellaire au bord de la vision, émergeant de la surface où il nage mais encore peut-être comme coulent les signes, depuis notre regard. »
Jean-Clet Martin « Macrobes » 2012
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